Quand l’orgueil se cache derrière la douceur - Lina An Noura

Quand l’orgueil se cache derrière la douceur - Lina An Noura

L’orgueil en Islam : un des pires défauts du cœur

En Islam, l’orgueil (kibr) est considéré comme l’un des plus grands obstacles entre l’être humain et son Seigneur. Il s’oppose directement à la soumission, à l’humilité, et à la reconnaissance de nos limites en tant que créature.

Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) a dit :

« N’entrera pas au Paradis celui qui a dans son cœur un atome d’orgueil. » (Rapporté par Muslim)

Quand on parle d’orgueil, on pense souvent à une personne arrogante, hautaine, méprisante. Mais dans la tradition islamique, l’orgueil prend des formes beaucoup plus subtiles.

Le Prophète (paix sur lui) a également défini l’orgueil ainsi :

« L’orgueil, c’est rejeter la vérité et mépriser les gens. » (Muslim)

Une maladie invisible, déguisée en bonnes intentions

Ce qui rend l’orgueil particulièrement dangereux, c’est qu’il peut exister même chez quelqu’un de calme, doux, bienveillant… et sincèrement engagé dans son cheminement spirituel.

C’est une maladie du cœur qui se cache parfois derrière :

  • la conviction d’avoir « raison »

  • l’idée qu’on est « plus conscient que les autres »

  • la difficulté à accepter une critique ou une remise en question

  • ou encore la tendance à croire qu’on est « à l’abri » de certains défauts

On peut très bien ne pas mépriser les gens en apparence, et pourtant rejeter une vérité dite avec douceur simplement parce qu’elle nous dérange. On peut penser être humble tout en regardant inconsciemment les autres comme « moins avancés » ou « moins sincères ».

Un miroir qu’on évite parfois de regarder

Le problème de l’orgueil, c’est qu’il nous empêche de voir ce qu’il y a à changer en nous. Il nous convainc que « ce n’est pas notre cas ». Et pendant ce temps-là, on peut faire du mal, blesser, s’entêter, ou perdre des gens — tout en pensant avoir bien agi.

C’est souvent bien après, dans le calme ou la solitude, que les choses deviennent plus claires. On se rend compte que ce n’est pas parce qu’on a de bonnes intentions qu’on est toujours juste. Et que l’humilité ne consiste pas seulement à être doux, mais à accepter qu’on peut se tromper.

Revenir à l’humilité, c’est revenir à Allah

Dans le Coran, Allah dit :

« Et ne détourne pas ton visage des gens avec orgueil, et ne marche pas sur terre avec arrogance : car Allah n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. » (Sourate Luqman, v.18)

La véritable humilité, c’est reconnaître qu’on a toujours quelque chose à apprendre. Que personne n’est à l’abri d’un défaut. Et que les reproches ou les pertes qu’on vit ne sont pas forcément des injustices, mais parfois des rappels.

Travailler son cœur, ce n’est pas faire semblant d’être pur, c’est accepter qu’il reste toujours des choses à purifier.

Un mot personnel

En tant que femme musulmane et autrice de cet article, je demande sincèrement pardon à Allah pour toutes les fois où j’ai pu porter, même sans m’en rendre compte, ne serait-ce qu’un atome d’orgueil dans mon cœur.

J’espère que nous serons tous guidés — dans le rappel, dans notre évolution personnelle, dans notre spiritualité.
Et surtout, que nous apprendrons à nous pardonner, à nous corriger, et à accepter que ces défauts font aussi partie de notre humanité.

Actuellement, j’écris une nouvelle version de mon livre Les Secrets du Cœur, un recueil encore plus profond et introspectif sur les maladies spirituelles et le cheminement intérieur.

J’y ai récemment rédigé un poème sur l’orgueil.
Et j’aimerais partager ici, en exclusivité, un passage :

Croire qu’on y échappe, c’est déjà y tomber un peu.
Et pendant ce temps, je n’ai pas vu les dangers autour de moi,
les gens que je risquais de perdre parce que je pensais que moi, je faisais mieux.

L’orgueil n’a pas toujours une voix forte.
Il ne crie pas toujours, il ne fait pas de bruit.

Avec douceur et sincérité,
Lina An Noura

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